Initiées au cœur de l’hiver et du Covid à partir du désir d’un certain nombre de membres de se retrouver à Dechen Chöling pour vivre ensemble des moments de convivialité, de pratique et de partage de la situation dans notre communauté, le projet a évolué à partir de quelques idées-racines :
- Ne pas faire un programme avec une structure et des positions fixes : un ou des enseignants, des participants et du personnel.
- Faire appel à la créativité, la responsabilité et l’inspiration de tous
- Se rassembler chaque jour autour d’un temps fort de pratique
- Favoriser toutes les conversations et tous les points de vue sur la situation actuelle dans Shambhala.
Ceci était donc un événement unique. Ayant trouvé des dates dans la programmation de Dechen Chöling et lancé l’invitation aux groupes et aux centres en Europe, je me suis retrouvée la principale initiatrice de cet événement.
Bien que l’idée de départ était de pratiquer Shamata et éventuellement de laisser les participants choisir leur propre pratique, je me suis permise de proposer la Sadhana de Shambhala comme pratique commune chaque matin, afin de nous servir de fil conducteur et d’alimenter notre réflexion sur l’enseignement de Shambhala et sa mise en pratique. Pour certains, c’était la première fois… mais en faisant la sadhana chaque jour par morceaux, avec des temps de partage et de contemplation longs, je crois pouvoir dire que nous avons construit une sorte de creuset de bonté fondamentale qui nous a accompagné dans toutes les activités, nombreuses, proposées par les participants l’après-midi. L’ancienneté n’était nullement en question ; toutes les personnes présentes ont reçu cette sadhana avec beaucoup de respect.
Qui est venu ?
Des étudiants de longue date de Hollande, d’Allemagne, d’Espagne et de France, des étudiants beaucoup plus récents dans Shambhala, principalement français, et même une jeune femme enceinte qui ne connaissait rien de Shambhala ! Nous avons eu un papa avec son bébé et beaucoup de voisins de Dechen Chöling. En tout, plus d’une trentaine, de 5 mois à 80 ans, entrant et sortant à leur guise. Joanna Francis et Helmut Krächan, responsables de l’organisation Shambhala-Europe, ainsi que Peter Nowak, membre du « International Shambhala Board » ont participé aux rencontres.
Qu’avons-nous fait ?
Au fil des jours, la pratique du matin a donné naissance à un ressenti et une intuition grandissante de la possibilité d’une telle chose appelée bonté et que cela a nourri la joie de se sentir non seulement connectée à sa propre bonté, mais de pouvoir l’être ensemble.
Durant l’après-midi, chacun-e a pu explorer différentes manières de cultiver cette intuition-prajna, que ce soit dans les cercles de Presencing, ou les cercles de parole Karuna. Le corps était aussi présent dans des moments de relaxation, Qi Gong, mouvements d’éveil et même de tango, élégant et joueur. Nous avons expérimenté des ateliers de Deep democracy, pour apprendre à dire et à entendre toutes les facettes d’une situation controversée. Le but n’étant pas de trouver des solutions mais de renforcer nos capacités d’écoute et de résolution de conflits.
Les soirées
- Les unes entièrement libres ont permis aux musiciens de se connaître et de jouer, à tout le monde de chanter ensemble, de préparer des offrandes ou de converser tranquillement.
- Tous les deux jours, nous avons mené une soirée d’échange sur un sujet défini à l’avance. Une équipe de facilitateurs parmi les participants en a défini les paramètres, différents dans chaque cas. Les voisins de DCL ont été invités et ont participé.
La première soirée visait à se présenter en tant que Shambhalien et à partager avec les autres son attachement et ses difficultés vis-à-vis de Shambhala. Deux cercles de conversation (en français et en anglais) se sont formés avec des contenus parfois différents, le cercle français étant plus axé sur l’engagement personnel dans le groupe et le cercle anglophone, sur les éléments de la crise et la relation avec le Sakyong.
La seconde soirée comportait une courte présentation de M. Peter Nowak, au sujet de la situation actuelle de Shambhala international et la relation avec le Potrang, l’organisation qui soutient le Sakyong. Pour rendre cette présentation vivante, les participants se sont partagés en petits groupes par ordre d’ancienneté dans Shambhala pour élaborer les questions qui leur semblaient importantes à poser. Peter, ainsi que Joanna et Helmut ont ensuite répondu avec une grande clarté à toutes les questions auxquelles ils pouvaient répondre. Cette clarté a créé un sentiment de transparence et d’ouverture qui a largement nourri la confiance.
Le but de la troisième soirée était de faire le point sur Les Rencontres elles-mêmes, de laisser les personnes parler de leur expérience et de ce qui était important pour eux.
La quatrième soirée a consisté à évoquer ensemble l’attachement et les souvenirs de chacun envers DCL, dans le but de créer une tapisserie, une histoire collective de tout ce qui nous rassemble en ce lieu.
Enfin, nous avons fait la fête, deux fois plutôt qu’une. La fête libère les talents et l’expression de tout un chacun. Elle crée une rupture dans la routine des jours et valorise les occasions de se connaître et de travailler ensemble. Elle multiplie les sentiments de convivialité et d’appréciation des uns et des autres et nous aide parfois à passer outre le barrage des langues.
Y-a-t-il quelque chose à retenir de cette expérience ?
Ces rencontres ont mis en évidence plusieurs choses. Certaines sont déjà connues mais cela fait du bien de ne pas les oublier :
– L’extraordinaire pouvoir d’attraction et de guérison de Dechen Chöling et la connexion des gens à ce lieu qui représente un foyer, un lien familial à la fois intime et collectif, où les souvenirs peuvent être stockés et partagés et où l’avenir peut être envisagé.
– Le désir des membres de la communauté de se parler, de comprendre ce qui se passe ensemble, d’incarner la sagesse de Shambhala en créant la communauté sous la forme d’une société éveillée.
– L’importance de bonnes pratiques de communication et des compétences de facilitation pour créer des espaces d’expression et d’écoute où cette sagesse puisse s’épanouir.
– Le besoin pour les membres de Shambhala et de DCL de recevoir des informations claires sur ce qui se passe dans le mandala, et de se sentir pleinement habilité à poser des questions et à chercher des réponses.
Enfin, ces rencontres ont montré que l’aspiration la plus profonde toutes les personnes présentes, n’est pas de rejeter le Sakyong ou Shambhala mais au contraire, par la pratique des enseignements, par le dialogue, la transparence et l’ouverture, de réparer les déchirures et les divisions dans un processus relationnel et d’incarnation qui réunit le soi, l’autre, la société et la terre. J’aimerai terminer ce compte-rendu par le poème d’Henri Bouissou :
Oh ! les jolies pépites d’or de ces instants vécus ensemble !
Où sont-elles allées maintenant ?
Demeurent-elles dans nos cœurs comme des étoiles vibrantes, source d’inspiration qui, dans nos vies quotidiennes, semble parfois se tarir ?
Dans le jeu de cache-cache entre éveil et sommeil, c’est notre esprit qui mène la danse.
Laissons briller ce soleil d’or de notre inhérente bonté :
Rendons les armes !
Abandons-nous complètement à cette valse !
Je remercie tous les participants à cet événement-pilote et fais le vœu que cette rencontre en inspire d’autres.
Catherine Eveillard, le 5 aout 2021